Dans le cadre de la réouverture progressive des piscines et complexes aquatiques en France, le Ministère des Sports a lancé une mission d’expérimentation sur l’accueil du public en période d’urgence sanitaire, coordonnée par l’ANDES. Cette dernière consiste à expérimenter les protocoles sanitaires auprès de 26 sites volontaires retenus par le ministère avec le concours de l’ANDES (Association nationale des élus en charge du sport), de l’ANDIISS (Association nationale des directeurs et intervenants des installations des services des sports), de l’AMF (Association des Maires de France) et de France Urbaine.

Dans la situation de crise sanitaire inédite, ce dispositif expérimental a permis de mettre en place un partage des expériences, et d’aider les exploitants publics et privés.

Selon l’équipement informatique des sites et le système de contrôle d'accès, la vente en ligne et la réservation ont pu être mis en place dans la grande majorité des cas, grâce à des solutions proposées par des sociétés comme Horanet. Cette procédure permet de gérer les entrées dans un contexte de réduction de la FMI. Les premiers retours ont d’ailleurs montré que le public avait très bien accepté ce système de réservation de créneau à l’avance. Toutefois, certains sites craignent qu’une partie de la population estivale ne réserve pas et ne soit pas informée de cette nécessité de réservation. De plus, sur les piscines testées, la FMI «Covid» a représenté 19 % de la FMI «normale». Le nombre d’usagers restreint a facilité la mise en place des mesures mais a engendré de lourdes pertes d’exploitation. Cette situation n’était donc tenable qu’à court terme pour les collectivités. 

Au niveau de l’accueil, il y a eu une mise en place généralisée des mesures telles que le port du masque, les parois de protection à l’accueil, la distanciation spatiale avec marquage au sol, le paiement sans contact et la mise à disposition de gel hydroalcoolique. Ces mesures ont été bien acceptées par les usagers et il est souhaitable de les pérenniser tout au long de ces phases de déconfinement. De plus, le lavage des mains à l’entrée permet une utilisation des cabines et casiers avec un risque réduit.

La quasi-totalité des sites testés a mis en place un sens de circulation unique dans l’établissement. La marche en avant permet de gérer les flux en limitant les risques de contamination. Les différents acteurs estiment qu’il est opportun de proposer ce type de circulation dès que la configuration des locaux la rend possible, voire y réfléchir pour la conception des nouvelles piscines. 

La limitation des usagers et la fermeture de certains espaces permet d’éviter les contacts dans les vestiaires. Certains sites ont mis en place des systèmes très sécurisants (affaires apportées au bord du bassin avec un espace réservé, affectation d’une cabine par usager) Ces mesures sont difficiles à conserver avec une augmentation de la FMI. Dans la plupart des cas, c’est le personnel d’entretien qui est chargé de veiller au respect des mesures avec des effectifs supplémentaires.

De manière générale, la mise en place des gestes barrières dans les vestiaires s’accompagne d’une signalétique importante, de la condamnation de certains espaces et d’une présence accrue du personnel (nettoyage, contrôle, guidage). 

Concernant les douches, la plupart des sites testés ont condamné une douche sur deux et mis en place des distributeurs de savon pour la douche savonnée. Le respect strict de cette mesure impose le plus souvent le contrôle par du personnel.

La plupart des équipements disposant de plusieurs bassins en ont fermé une partie. Le ratio d’une personne pour 4 m² de bassin a été le plus utilisé, ainsi qu’une pratique exclusive de la nage dans les bassins de 25 ou 50 m en limitant les usagers. Un sens de circulation sur les plages et pour l’entrée et sortie dans l’eau permet de limiter les croisements. L’augmentation de la fréquentation et des espaces ouverts rendra difficile le respect de la distanciation, mais le milieu chloré limite les risques.

 

Bien évidemment, la protection du personnel est une priorité pour les exploitants. Ainsi, la mise en place de masques ou de visières en fonction du type de poste est généralisée comme la présence de gel ou savon. La plupart des sites testés affectent du personnel supplémentaire aux équipements ouverts. Pour une ouverture généralisée, les gestionnaires auront recours à des agents supplémentaires en entretien et sécurité (juillet-août). Les collectivités qui ne pourront pas avoir recours à des saisonniers (bassins) devront limiter la FMI en conséquence. 

La mise en œuvre technique n’a pas posé de difficultés particulières, les établissements étant rompus à ce type de dispositions.

Concernant le traitement d’air, presque toutes les piscines couvertes ont eu recourt à une augmentation du volume d’apport d’air neuf entre 80 et 100 %, mais aussi à une ouverture des portes façades ou toitures, dès que possible.

Quant au traitement d’eau, le taux de chlore actif programmé a été supérieur à 0,8 mg/L. De plus, les exploitants ont regretté un manque de concertation entre les ARS sur les taux de chlore à prendre en compte.

La crise sanitaire a fait évoluer le mode de gestion des complexes aquatiques, ces impacts devraient perdurer dans les prochaines années ainsi que sur la conception des installations.